Giulia a pris suffisamment de poids pour pouvoir subir sa première opération. Elle a 6 mois. Toute petite… et déjà tant dû se battre.

On la prépare dans son petit lit. Je lui fais plein de câlins, de bisous.
L’anesthésiste arrive et me pose encore quelques questions. Ensuite, je l’accompagne jusqu’à la salle d’opération, au niveau -5, dans un long couloir blanc.

Nous arrivons devant une grande porte. Elle s’ouvre. On entre. Et là, mon cœur se serre.
J’ai peur… peur de ne pas la revoir.

Le chirurgien s’approche à son tour, me pose encore quelques questions. Puis, ils me disent :
« On va y aller. »

Je l’accompagne jusqu’à un autre lit. Ils la déposent doucement. L’anesthésiste commence son travail. Je l’embrasse une dernière fois et je lui chuchote :
« Maman est là avec toi… tout va bien aller. »

Ils lui posent le masque sur le visage.
Je la vois se battre contre les produits… puis, tout à coup, ses yeux se révulsent.
C’est fini. Elle s’est endormie… pour six longues heures d’opération.

À ce moment-là, les médecins me demandent de sortir. Je ne veux pas. Je la regarde encore, et je leur dis :
« Vous me la rendez, hein ? Prenez soin d’elle… »

Les médecins me rassurent, autant qu’ils le peuvent. Mais un cœur de maman, ce n’est pas facile à apaiser.

Ils nous conseillent de sortir de l’hôpital, car l’attente sera longue.
Alors on prend le métro, on va en ville. Arrivés dans un café, on commande…
Mais tout à coup, je suis prise d’une crise de panique.

Je dis à son papa :
« Il faut qu’on remonte. »

On boit en vitesse, et on retourne à l’hôpital.
Il fallait encore attendre… mais je me sentais plus proche d’elle, là, dans ces murs.

Après six heures d’attente, enfin, le chirurgien vient vers nous. Il nous dit :
« C’est tout bon. Tout s’est bien passé. Elle est en salle de réveil. Vous pouvez aller la voir. »

Je cours chercher mon bébé, qui est en soins intensifs.
Je la retrouve, toute groggy, avec des tuyaux partout. Elle respire avec une CPAP.

Je lui prends la main, je lui parle doucement, pour qu’elle sente que je suis là, près d’elle…

Après 2h30, elle se réveille doucement. Elle ouvre les yeux, sans expression.
Elle ne fait aucun son, elle ne voit pas, elle n’entend pas.
Mais elle est réveillée.

Et pour moi… c’est un immense soulagement.